Innovation

Destinus H2 Park: un site unique dédié à l'hydrogène

Payerne est en passe de devenir un pôle d’excellence en matière d’hydrogène. Destinus H2 Park, le premier centre d’essais privés pour développer et tester des technologies à hydrogène, va voir le jour dans la Broye vaudoise.

Destinus 3, prototype de 10 mètres de long devant voler en 2024.
Destinus 3, prototype de 10 mètres de long devant voler en 2024. - Copyright (c) Destinus
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Le futur de l’aviation et du transport à hydrogène se dessine sur une parcelle de 1200 m2 du parc technologique Swiss Aeropole. «Ce sera le seul site de ce type en Suisse. Même à l’échelle européenne, de telles infrastructures sont rares et dépendent de l’Etat», souligne Mikhail Kokorich, CEO de Destinus, start-up travaillant sur un avion-fusée propulsé à l’hydrogène liquide.

L’objectif est de développer, grâce à l’hydrogène, des technologies durables pour le transport et la production d’énergie. Le projet est soutenu par Innovaud, la ville de Payerne et Swiss Aeropole, notamment. Cheffe du Département de l’économie et de l’innovation, la conseillère d’État Isabelle Moret parle d’un «projet visionnaire et d’une innovation à vitesse supersonique» tant les étapes s’enchaînent rapidement depuis l’arrivée à Payerne en 2021 de Mikhail Kokorich, entrepreneur et physicien russe, dissident du régime de Poutine.

Genève - Sydney en 4h30

La start-up Destinus avance vite, en effet. Elle compte déjà plus de 100 collaborateurs, principalement à Payerne, en Espagne et en Allemagne. Elle a fait voler deux prototypes d’avion-fusée (Jungfrau et Eiger). Un prochain vol de test devant franchir le mur du son est prévu avec Destinus 3 en 2024. «Destinus travaille également sur un drone hypersonique autonome, capable de relier Paris à New York en 90 minutes», signale le président de Swiss Aeropole, Peter Kupferschmied. Les premiers vols habités sont annoncés pour 2030. Genève - Sydney pourrait alors se faire en 4h30, sans émission de CO2.

Représentation du Destinus H2 Park, le premier centre d’essais privés pour développer et tester des technologies à hydrogène.diaporama
Représentation du Destinus H2 Park, le premier centre d’essais privés pour développer et tester des technologies à hydrogène.

Avec de telles perspectives, on comprend que la construction du site de recherche Destinus H2 Park est au centre de toutes les attentions. «Il devrait être rapidement opérationnel. Des tests avec l’hydrogène liquide sont prévus pour la 2e partie de 2024. La plupart des modules d’équipement ont été réalisés en amont et ne devront plus qu’être déplacés dans le centre de recherche», relève Tim Moser, ingénieur en chef de Destinus. Une salle de contrôle, des cellules de tests de propulsion, ainsi que des réservoirs pour l’hydrogène liquide (12 m3), l’oxygène liquide et le nitrogène liquide prendront place sur la parcelle. A noter que l’hydrogène liquide doit être stocké à -250 degrés.

Gain en compétences

La construction de ce centre unique en Suisse nécessite des compétences transversales et fait appel à de nombreux acteurs locaux. «Nous avons travaillé sur le container de mélange des fluides entre oxygène, hydrogène et azote. C’est tout nouveau pour nous, observe Timothée Gruter de RBM Electricité. Nous savons faire des tableaux électriques et ce n’est pas le cas des ingénieurs en hydrogène. Nous mêlons nos savoir-faire. Pour ce genre de projet, il faut être proactif. Au final, tout le monde gagne en compétences.»

Préférée à la Finlande ou la Nouvelle-Zélande, Payerne voit se développer une aviation décarbonée. Les ateliers de l’avion solaire Solar Stratos ne sont d’ailleurs qu’à quelques centaines de mètres de Destinus H2 Park. Une saine émulsion, dont se réjouit Patrick Barbey, directeur d’Innovaud: «Le nouveau site sert les besoins de Destinus, mais est également ouvert à d’autres entreprises souhaitant faire des tests sur l’hydrogène.» Actuellement, 36 sociétés se côtoient sur l’ensemble du site de Swiss Aeropole, un chiffre qui assurément va augmenter ces prochains années.